Photo COP15 Biodiversité : les représentants applaudissent

L’accord-cadre de la COP15 biodiversité, conclu à Montréal en décembre 2022, porte principalement sur la protection d’espaces naturels. Outre la question de l’application effective de ces mesures par les Etats et les entreprises, il convient de s’interroger sur leur portée écologique. Dans cet article, nous proposons une analyse critique des ambitions de la COP15.

Un premier pas encourageant

La 15e Conférence des Nations Unies sur la Biodiversité (COP15) a le mérite d’avoir délivré un accord historique en faveur de la biodiversité, notamment par rapport aux ambitions des éditions précédentes. Elle a aussi bénéficié, toutes proportions gardées, d’une visibilité plus importante. Autrement dit, les Etats, les agents économiques, les territoires, et dans une moindre mesure, les citoyens, commencent à comprendre et intégrer les grands enjeux liés au fonctionnement du vivant. On constate par exemple l’engagement fort de nombreuses grandes entreprises en faveur d’une obligation de reporting de leurs activités. Celles-ci reconnaissent à raison leur dépendance aux services écosystémiques.

Dans le même temps, connaissant les principales causes de la perte de biodiversité à l’échelle mondiale (rappelées ci-dessous, d’après le rapport 2019 de l’IPBES), on peut légitimement se demander comment les acteurs publics et privés pourront répondre aux objectifs fixés par la COP15 sans changer fondamentalement leurs modèles économiques. Nous y reviendrons.

Infographie reprenant le rapport bénéfices/pressions entre activités humaines et biodiversité (source : IPBES 2019)

Pourquoi c’est insuffisant

La dimension sémantique de l’Accord-cadre

La notion de « protection » est très vague. En réalité, elle peut amener à des modes de gestion très différents en fonction des finalités (cf. schéma ci-dessous). De part sa dimension plurielle et hétérogène, le terme « protéger » ne porte peut-être pas d’engagement assez fort. Si le mot peut être pratique pour une formule politique simple et efficace dans le cadre de la COP15, il convient de l’expliquer plus en profondeur dans les textes, ce qui semble ne pas avoir été fait.

Nous voyons aujourd’hui les limites d’une approche anthropocentrée utilitariste sur la plupart de nos activités et aménagements. Le ressourcisme commence à se manifester dans les politiques publiques et les politiques RSE des entreprises, mais de manière ponctuelle. La conservation et la préservation ne sont quant à elles réservées qu’à des espaces justement dits « protégés ». On constate ainsi des mesures de protection fortes sur des espaces certes précieux mais marginaux (parcs nationaux, sites Natura 2000). Alors qu’elles sont plutôt faibles sur la plupart de nos activités (compensation). Or, pour enrayer la chute de la biodiversité et régénérer nos écosystèmes, ce sont des mesures puissantes appliquées à l’ensemble de nos espaces, activités et aménagements qu’il convient de prendre. Parmi ces mesures, la restauration écologique des milieux dégradés est aussi importante que la préservation.

Continuités, maillage, interactions

La protection d’une partie – 30% – des milieux naturels est une condition nécessaire mais non suffisante à la préservation de la biodiversité dans son ensemble. Si le chiffre est un bon moyen de mobiliser des acteurs économiques à toutes les échelles, il reste peu représentatif de la réalité du fonctionnement des écosystèmes. Que l’on vise 10, 20, 30 ou 50% des surfaces, cet objectif n’aura de pertinence que si l’ensemble des espaces protégés sont connectés les uns aux autres et à d’autres. En effet, les équilibres écologiques dépendent d’une multitude d’interactions, de zones d’échanges (écotones), et donc, de continuité. Le caractère fonctionnel de ce dispositif est fondamental. Une grande diversité de petites zones protégées et reliées entre elles aura beaucoup plus de valeur que quelques gros patchs de zones protégées déconnectées. La fonctionnalité prime.

Compatibilité entre activités humaines et écosystèmes

La traduction de ces considérations théoriques sur le terrain est simple : aujourd’hui, il est tout autant nécessaire de restaurer et réhabiliter les écosystèmes que de concevoir et développer des modèles économiques et sociaux compatibles avec le fonctionnement du vivant. Chaque aspect de nos activités humaines – aménagement des territoires, modèles socio-économiques des entreprises, modes de vie des citoyens – doit être réfléchi selon les deux piliers fondamentaux du vivant que sont la diversité et la relation. D’aucuns appellent cela de la bioinspiration, c’est en réalité la seule manière viable d’agir.

Voilà pourquoi protéger des espaces que l’on considère déconnectés ou éloignés de nos espaces de vie n’empêchera pas l’érosion de la biodiversité. C’est la reconnaissance de l’humain comme faisant partie intégrante de la biosphère qui permet de s’aligner à nouveau avec les principes du vivant et qui replace la biodiversité au centre de tout le reste.

En outre, il est fondamental de pouvoir permettre aux écosystèmes dégradés de retrouver leur capacité de maintenir leurs équilibres par eux-mêmes, et d’évoluer sur des trajectoires linéaires, sans rupture ni effondrement. Pour se faire, il s’agit de réaligner nos modes de production, d’aménagement, et d’organisation à la faveur de la biodiversité. Outre les aspects méthodologiques et techniques, le génie écologique se dresse en première ligne pour ça.

Les solutions du Campus des Systèmes Vivants

Le maillage nécessaire des territoires n’est pas seulement écologique, il est aussi socio-économique et organisationnel. Rendre nos activités à nouveau compatibles avec les écosystèmes demande de la coopération, du partage, de la confiance, de l’humilité. Le génie écologique appréhende en réalité l’aménagement du territoire avec une approche systémique. Cela amène a considérer non seulement ses aspects écologiques, mais aussi les jeux d’acteurs, les dispositifs locaux de production de ressource, le capital social et humain du territoire, etc. Ces éléments plutôt d’ordre économique – au sens étymologique de « gestion d’un territoire » – feront prochainement l’objet d’une nouvelle formation.

L’accord-cadre de la COP15 n’est donc pas vraiment à la hauteur des enjeux de biodiversité. Avant même de constater le manque d’une vision systémique, nous avons vu ses limites en termes purement écologiques. Il est cependant porteur d’espoir. C’est aux agents économiques d’être proactifs et volontaires dans les démarches de régénération du vivant. Pour se faire, il faut se former à mener des opérations éclairées en accord avec le fonctionnement des écosystèmes. C’est là le but de notre action.

La norme NF X10-900 permet déjà d’accompagner l’application des mesures de restauration écologique et de préservation. Elle fournit la méthode pour concevoir et mettre en œuvre des projets de génie écologique avec rigueur et cohérence.

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A bientôt sur le Campus des Systèmes Vivants !

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