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La diversité biologique est une notion complexe mais fondamentale du monde vivant. C’est pourquoi il est essentiel d’en apprendre les composantes, les rouages et les implications. Il y a 5 mois, les Nations Unies proclamaient un accord-cadre historique pour protéger la biodiversité mondiale (voir notre analyse critique ici). Aujourd’hui, journée mondiale de la biodiversité, elles encouragent l’action, et c’est une excellente chose. Mais il ne s’agit pas non plus de foncer tête baissée, car les biais et erreurs d’interprétation concernant la biodiversité sont nombreux. Ainsi, en croyant bien faire, nous dégradons voire détruisons parfois des habitats, des populations ou des possibilités d’interactions. L’objet de cet article est de diffuser les notions fondamentales autour de la biodiversité, afin d’engager les actions les plus pertinentes possibles.

Comprendre la biodiversité

La définition de la biodiversité

La définition a été mise à jour dans la loi pour la reconquête de la biodiversité du 8 août 2016 : « On entend par biodiversité, ou diversité biologique, la variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques, ainsi que les complexes écologiques dont ils font partie. Elle comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces, la diversité des écosystèmes ainsi que les interactions entre les organismes vivants. »

On comprend ainsi toute la complexité de la notion. Contrairement à l’image qui lui est attribuée dans le débat publique, la biodiversité est loin d’être une simple liste d’espèces à protéger. Il s’agit bien d’un ensemble d’interactions, de relations, d’équilibres, de continuités et de fonctions. A ce titre, les réseaux trophiques (chaines alimentaires), les niches écologiques (habitats et ressources spécifiques à une espèce) et les phénomènes évolutifs font tout autant partie de la biodiversité que les mammifères, les algues ou les arthropodes.

Photo zoomée sur le sol
Les sols contiennent 1/4 de la biodiversité terrestre. Crédit photo : Pexels, Harrison Haines.

La diversité biologique se manifeste sur 3 échelles spatio-temporelles :

  • diversité génétique : la diversité des gènes (et leurs variantes : les allèles) présents dans le génome d’un individu
  • diversité spécifique : la diversité des espèces, animales, végétales, fongiques au sein d’un écosystème donné ou dans la biosphère en général
  • diversité écosystémique : la diversité des écosystèmes terrestres, aquatiques et marins, diversité des milieux et habitats naturels

Une fois ce cadre élémentaire posé, on peut se demander comment fonctionne et évolue la diversité biologique au cours du temps.

Le fonctionnement de la biodiversité

Si les systèmes vivants sont aussi dépendants les uns des autres, c’est que les interactions sont la clef pour répondre aux besoins primaires de toute population animale ou végétale. C’est le minimum vital pour assurer sa pérennité dans un territoire donné.

Les besoins primaires des populations animales et végétales
Les populations vivantes répondent à 4 besoins primaires pour survivre. Source : « Conception et mise en oeuvre d’un projet de génie écologique. », S.Dellinger, 2020.
  • L’alimentation, ou de manière générale l’ensemble des activités qui permettent le métabolisme et la vie de chaque individu : respiration et/ou photosynthèse, alimentation en eau et en éléments nutritifs…
  • L’abri, qui permet à une population ou aux individus de se protéger des contraintes extérieures : froid, chaleur, vent, pluie, maladies, prédateurs…
  • La reproduction qui permet d’assurer un renouvellement de la population
  • Le déplacement entre différents milieux ou habitats naturels, sites sur lesquels les individus ou la population réalisent tout ou partie de leurs besoins vitaux.

La disponibilité des ressources permettant de répondre à ces besoins dépend d’équilibres dynamiques, lesquels dessinent au cours du temps des trajectoires écologiques : c’est à dire des processus d’évolution progressive d’un écosystème. Ces notions sont particulièrement bien défendues et vulgarisées par le biologiste Pierre-Henri Gouyon, professeur émérite au Muséum National d’Histoire Naturelle :

Les équilibres dynamiques d’un écosystème sont régulièrement soumis à des perturbations. Celles-ci se manifestent par des variations des effectifs de populations ou des paramètres physico-chimiques du milieu. Lorsque certains seuils sont franchis, la perturbation est telle que des équilibres peuvent être rompus. Le système tend alors naturellement vers un nouvel équilibre. La résilience écologique, c’est la capacité de l’écosystème à faire face à une perturbation, en retrouvant plus ou moins facilement un nouvel état d’équilibre. Seulement, contrairement à ce que l’on pourrait penser intuitivement, celui-ci n’est pas nécessairement identique à l’état initial d’avant perturbation. Plus de détails ici et ici.

Agir en faveur de la biodiversité

Notre posture en tant qu’humains

La posture psychologique que nous prenons vis à vis de la biodiversité détermine la qualité de nos actions en sa faveur. Typiquement, une vision dogmatique considérant la biodiversité comme un « à coté » dans nos vies mène à une impasse. Elle n’est pas un sujet politique que l’on peut mettre au même plan que la mobilité, le logement, ou l’alimentation. Vous reconnaitrez dans ces exemples nos besoins primaires, c’est bien la biodiversité qui les garantit. Cela montre qu’elle est au dessus du reste. La biosphère est notre matrice vivante, nous en faisons partie, nous en sommes des constituants, parmi de nombreuses autres espèces, interactions et écosystèmes.

Ainsi, il s’agit d’accompagner des processus déjà engagés, et éprouvés par les dynamiques évolutives depuis des milliers, millions, voire milliards d’années. L’humilité est donc une vertu cruciale à cultiver pour mener à bien les projets de régénération des écosystèmes. Sans elle, nous risquons d’autant plus de tomber dans des écueils entrainant l’effet inverse de ce que nous cherchons à produire : la dégradation. Nous devons rester humbles, car malgré la multitude de notion évoquées précédemment, nous comprenons à peine le fonctionnement de la vie.

S’il vous faut un argument supplémentaire, et plus spirituel, pour vous convaincre de la nécessité de rester humble, pensez à la chose suivante. La racine latine du terme « humilité » est dérivée du terme « humus« , la terre. En français, « l’humus » est la couche de sol issue de la décomposition de la matière organique : une terre vivante à la base du développement de la vie dans les écosystèmes terrestres. Par l’humilité, nous reconnaissons également nos origines car le mot « humanité » possède la même racine indo-européenne que le terme humus. Les actions de régénération des écosystèmes, via le génie écologique notamment, œuvrent ainsi, par humilité, à réconcilier l’humanité avec l’humus.

Les actions concrètes, au delà d’une journée mondiale de la biodiversité

1/ Un préalable : la formation

C’est notre raison d’être : former les professionnels de l’aménagement et de l’environnement à l’application de ces notions sur le terrain. Cependant, toute autre personne ayant attrait à ces sujets fondamentaux est également bienvenue. Pour en savoir plus, consultez notre catalogue de formations.

2/ La démocratisation des pré cadrages et des états des lieux écologiques

Avant de valider un projet d’aménagement, de construction d’infrastructure, de compensation écologique, et également sur des sites existants, il est nécessaire d’établir un diagnostic écologique précis, afin d’évaluer la pertinence des projets au regard des écosystèmes impactés.

3/ Intégration des connaissances, méthodes et outils du génie écologique dans les projets d’aménagement

Dans la continuité du point précédent, les principes, méthodes et outils du génie écologique ne peuvent plus être ignorés dans la réalisation de travaux d’aménagement de tous milieux, en tout cas par les personnes souhaitant participer à la régénération des écosystèmes. Plus d’informations ici.

Cette liste n’est pas exhaustive, des mesures politiques fortes, engagées et surtout opérationnelles peuvent la compléter. Des mesures en faveur de la préservation, du maintien et de l’amélioration de la biodiversité, selon les territoires. En revanche, nos propositions s’inscrivent dans une ambition de faire évoluer la dynamique des activités humaines à grande échelle. Le but étant que celles-ci redeviennent compatibles avec le fonctionnement de la biodiversité et de ses écosystèmes.

A bientôt sur le Campus des Systèmes Vivants !

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